Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a demandé jeudi un "inventaire" des bâtiments vides pouvant accueillir des personnes sans domicile, dont les résultats, attendus "dans quelques semaines", pourraient déboucher sur des réquisitions début 2013. Enfin, une mesure de gauche!
"Si les besoins le nécessitent, nous le ferons, mais ça passe par cette étape qui est celle de l'inventaire des bâtiments disponibles", a indiqué M. Ayrault à qui l'on demandait si le gouvernement envisageait de réquisitionner des logements vacants pour y installer mal-logés et sans-abri, lors d'une visite au centre gérant les appels au Samu social (115) du Val-de-Marne, à Créteil.
Ce repérage des lieux qui pourraient être réquisitionnés est une première étape, a-t-on expliqué dans l'entourage du Premier ministre. "Il faut commencer à vite identifier les lieux de façon à ce qu'on puisse faire au moins quelques opérations en janvier ou février 2013", a-t-on précisé de même source.
La ministre du Logement, Cécile Duflot, "est en train de faire un inventaire des bâtiments disponibles, ça sera souvent des bâtiments appartenant à des institutions, des administrations, des grandes entreprises", a déclaré M. Ayrault.
"Cet inventaire est en cours, nous en aurons le résultat dans quelques semaines, ensuite autant que de besoin nous prendrons nos décisions, s'agissant bien sûr de le faire dans le respect du droit et de la propriété, mais les lois existent et nous entendons les appliquer", a-t-il ajouté.
La possibilité de réquisition de logements vacants est prévue dans une ordonnance du 11 octobre 1945 promulguée pour lutter contre la crise du logement. Elle a été abondamment employée jusque dans les années 60, au cours desquelles plus de 100.000 arrêtés de réquisitions ont été pris, peut-on lire sur le site de l'association Droit au Logement (Dal).
Mme Duflot n'avait pas exclu samedi de mettre en oeuvre la réquisition de logements vacants, un dispositif rarement appliqué. Elle avait pointé "la gravité de la situation" alors que les associations constatent une hausse des demandes d'hébergement de personnes se retrouvant à la rue.
"Elle a déjà existé, elle a été mise en oeuvre notamment lorsque Jacques Chirac était président de la République parce que la crise était particulièrement difficile, chacun s'en souvient", avait-elle déclaré lors d'un point-presse au ministère du Logement.
Dont acte, car l'hiver est là, le froid aussi. Et si enfin, la gauche élue cette année se décidait à appliquer une politique de gauche? En tout cas, cette mesure sera un signe fort.